Henri Hayden, René Gouast et Yvonne Guégan appartiennent à cette famille d’artistes dont la religion est de s’abstraire des détails, de s’évader de la simple reproduction de la banalité pour transcrire et sublimer la toile, l’accompagnement intérieur de leur perception du sujet.

     Si chacun possède sa propre écriture, son langage personnel, la grammaire par contre leur est commune. En cela ils bâtissent une œuvre forte, construite et dépouillée d’artifices où le mot épure trouve toute sa signification.

     Henri Hayden est le personnage central de cette exposition, en ce sens où, d’une part il connut Gouast à la galerie Suillerot dont ils furent tous deux pensionnaires, et d’autre part il fréquenta Yvonne Guégan chez le mécène et collectionneur Cherbourgeois Henri Bernadi. L’un et l’autre dans leurs écrits rendirent hommage à leur glorieux aîné et néanmoins compagnon.

     Gouast dans la préface qu’il commit pour le vingtième anniversaire de la galerie Raymond Suillerot : « …Cette secrète parenté a pour première assise notre commune révérence envers le grand aîné, le patron spirituel de la « boutique Suillerot », Henri Hayden. Nous l’aimions et aujourd’hui encore nous supportons mal qu’il ne soit pas là ; nous aimions le difficile et exemplaire développement de son œuvre jusqu’à l’apothéose finale où il lui a été donné de toucher aux sommets ». Yvonne Guégan témoigne de l’époque Bernadi : « la table généreusement ouverte et raffinée de Madame Bernadi réunissait des artistes plus âgés que moi et de grande renommée tels Hayden, Savin, Segal, Picart le Doux…et bien d’autres.

     Au-delà de ces témoignages, la vision synthétique du sujet, l’honnêteté, l’humilité, l’incessante remise en question de ces trois artistes, soulignent la cohérence de cette exposition entre amis.

     Éric Baudet