Roger Guerrant est essentiellement connu des amateurs pour ses peintures et ses gouaches évocatrices de scènes portuaires, de falaises, de paysages, d’arbres et de quelques natures mortes, mais peu ou pas, pour ses nus par ailleurs rarement exposés. Pourtant, ils constituent une œuvre dans l’œuvre. Utilisant presque exclusivement le papier, l’artiste s’est attaché à varier les techniques, encre, huile, pastel, gouache, crayon de couleur dans la représentation du corps féminin. On retrouve dans cette évocation tous les éléments de la grammaire picturale constituant son écriture, épurée dans un travail au trait, nerveuse dans les crayons de couleurs, voluptueuse, sensuelle et parfois violente dans les pastels… C’est en compagnie de ses « frères d’armes » Le Cieux, Legallais, Le Ricle, Hartman et quelques autres qu’il compose et transpose ses nus d’après les modèles posant pour les membres de l’UHAP*. Figuratifs, stylisés, déconstruits, ses nus, séduisent au sens noble du terme, interpellent souvent et déroutent parfois au point de nécessiter un temps de réflexion pour une parfaite lecture. C’est à un moment précieux, pour beaucoup certainement une découverte, que je vous convie.

Eric Baudet