SERGE HANIN

Biographie

Serge Hanin
Né en 1945

     La peinture que pratique Serge Hanin se présente comme une sorte de livre de bord. Secoué par une constante fureur de vivre, il y consigne au quotidien, la beauté ou le désarroi qu’expriment ses compagnons de route, comme les visages de femmes croisées lors de furtives escales ou aimées jusqu’à la douleur. C’est pourquoi sa manière est fréquemment rageuse, inquiète, ancrée à la dérive des êtres livrés aux caprices de la nuit. Hanin n’est pas un peintre de salon, la chose est entendue. La broderie ou le feston ne sont pas son propos. C’est la réalité  toute crue qui l’intéresse, celle de la rue, des bars quelquefois louches et de l’immense brassage humain.

     Son regard, cependant, semble porté vers l’intérieur, sur l’attente perpétuelle d’un monde qui tarde peut-être à venir – le mirage de l’amour et son sillage de tristesse.

     Quand il retourne au paysage, c’est pour lui comme un apaisement. On dirait qu’il s’empare d’un tout autre univers, comme en quête d’une légèreté qui manquerait aux « scènes intimes ».

     « Un vrai peintre, c’est un mec qui oublie qu’il est peintre, lance tout d’un coup Hanin. La grand-messe, c’est la vie. Le reste c’est du vent ».

     Nul verbiage, là-dedans, mais la teneur exacte du personnage, un personnage qui échappe aux mailles de la statistique. Un homme ouvert à toute espèce d’aventure, la peinture n’étant, pour lui, qu’une manière parmi tant d’autres d’affirmer sa présence dans la ronde de l’humanité.

Luis Porquet